DÉMARRE À BORDEAUX ET COGNAC
Rencontres avec David Froléon, Solenne Monneau, Christophe Chateau & Anne-Hèlene Delage
Notre enquête autour de l’impact des femmes dans le monde du vin débute avec notre séjour dans le Bordelais où l’on a pu interviewer différents professionnels sur ce sujet. Tâchons de comprendre ce qu’il en est ressorti.
Côté consommation, l’étude annuelle 2018 de SoWine, sur laquelle se base Vin&Société, révèle que les femmes sont plus modestes que les hommes en ce qui concerne la consommation de vin avec un tiers des 41% de « grands consommateurs1 » de l’Hexagone qui sont des françaises. Mais les femmes ne sont plus uniquement consommatrices mais actrices dans le monde des Vins et Spiritueux. Elles sont de plus en plus nombreuses à être les actrices du monde du vin tel que nous le connaissons aujourd’hui.
Désormais, les femmes sont partout. Vigneronnes, vinificatrices, propriétaires de grands châteaux (Margaux ou Angelus) ou encore directrices de grands complexes tel que la Cité du vin, nombres d’entre elles « prouvent que les femmes ont vraiment leur place dans ce secteur d’activité » rappelle Solenne Monneau, chef produit chez Millésima. Ainsi côté production, on constate « un vrai virage » explique Christophe Château, directeur communication du CIVB. Les femmes ont donc réussi à s’implanter dans ce pan du secteur autrefois très masculin. Cette évolution s’est faite en parallèle d’un changement sociétal et semble susciter un réel enthousiasme chez les acteurs de la filière. En effet, les femmes sont reconnues pour être très douées en production de par leur sensibilité olfactive mais aussi par leur rigueur et leur sens du détail. Seuls les secteurs périphériques comme celui des bouchons semblent résister aux femmes où Anne-Hélène Delage, responsable achats des Bouchages Delage, nous confie être « souvent la seule femme lors des réunions ».
D’un point de vu marketing et communication, les femmes sont indéniablement implantées et « apportent une vision nouvelle » avec pour exemple « un service marketing du CIVB 100% féminin » nous explique Christophe Chateau. Bien que, désormais, les femmes soient aussi bien actrices que consommatrices, les stratégies marketing ne visent pas particulièrement les femmes et certaines entreprises comme Millésima s’y refusent même en s’appuyant sur le fait que « c’est une question de goût et non de genre » nous explique Solenne Moreau. On préfère communiquer sur « le fait que les femmes reprennent les entreprises familiales » souligne David Froléon, directeur marketing & responsable export chez la Compagnie Médocaine des Grands Crus.
Les tendances sont au raffinement et à l’élégance notamment dans les spiritueux où les codes utilisés pour les packagings s’apparentent à ceux de la cosmétique et de la parfumerie. Alors on peut voir apparaître des bouchons avec des cristaux Swarovski mais « cela n’est pas une demande explicite des clients » nous apprend Anne-Hélène Delage. En 2019, l’étude SoWine, annonce que les femmes de 18 à 25 ans sont celles qui consomment le plus de spiritueux dont 45% en cocktail. On démontre aussi plus de femmes intéressées par la mixologie que d’hommes.
Côté dégustations, la montée en flèche des associations de femmes autour du vin laisse perplexe. Les 4 professionnels que nous avons interviewés s’accordent sur le fait que l’intérêt des dégustations restent la mixité du public afin de favoriser les échanges. A juste titre Solenne Moreau nous rappelle « qu’un palais est un palais » !
1 Grand consommateur : consomme du vin une à plusieurs fois par semaine