© BURGUNDY SCHOOL OF WINE & SPIRITS BUSINESS • 2019 | Mentions légales | CONTACT

Notre investigation sur les FEMMES

28 juillet 2020

CONTINUE EN ALSACE, CHAMPAGNE ET À CHABLIS

Rencontres avec Amélie Buecher, Frédéric Raynaud, Cécile Loberger, Thibault le Mailloux, Claude Giraud, Claire Sarazin, & Cécilia Trimaille

Notre enquête autour de l’impact des femmes dans le monde du vin continue avec notre séjour en Alsace, en Champagne et à Chablis où l’on a pu interviewer différents professionnels sur ce sujet. Retournons ensemble sur les informations recueillies.

Côté production, les femmes représentent, en France, 30% des chefs d’exploitation et un tiers des œnologues. Chaque année, ce sont 50 à 60% des œnologues diplômés en France qui sont des femmes.

Mais en Alsace, l’une des deux sœurs du Domaine les 2 Lunes, Amélie Buecher, nous confie que « le secteur reste encore très masculin » dans leur région. Pour autant, les femmes présentes « apportent d’autres idées et sont souvent plus sensibles, plus douces dans leur travail notamment dans leur création de vin ou dans leur façon de manager une équipe à la vigne » par exemple, nous explique Amélie. En Champagne, les femmes sont présentes depuis des années et certaines d’entre elles ont permis de constituer la renommée de leurs bulles telles que la Veuve Cliquot ou encore la Veuve Pommery. Les ambassadrices sont ainsi présentes depuis de nombreux siècles en Champagne et nombre d’entre elles ont participé à l’innovation de ce vin avec l’invention de la table de remuage par la Veuve Cliquot par exemple. Les femmes sont alors étroitement liées au Champagne. Madame de Pompadour, la duchesse de Menars au XVIIIème siècle, disait à tort ou à raison « Seul le Champagne laisse les femmes belles après boire » sous-entendu le Champagne est le seul vin qui laisse la femme belle après être bu. Thibault le Mailloux, directeur communication du Comité Interprofessionnel du Vin de Champagne, nous souligne « les forts caractères » de ces femmes désireuses de prospérer en tant que femme et la forte revendication d’en être une. Pour Claude Giraud des célèbres champagnes Giraud, « le monde du vin se réinvente en permanence et les hommes ont beaucoup d’égos entre eux. Tandis que les femmes sont beaucoup plus libres par rapport à ça. Plus il y a de femmes, plus le secteur s’équilibre et plus il libère ».

D’un point de vue marketing et communication, Frédéric Raynaud, PDG de Pfaff Wines Estates, nous explique que les femmes ont une « sensibilité différente ». Les apports qu’elles ont pu faire à travers les années se traduisent par un exemple on ne peut plus concret : « l’évolution des codes d’étiquettes. » Claire Sarazin, chef de produit marketing et communication chez Taittinger, nous raconte qu’il est « difficile, en tant que femme, de faire sa place à l’arrivée » et qu’il faut « prouver ce dont on est capable ». Côté « féminisation du produit », les avis des divers professionnels rencontrés divergent. Pour certains, il apparaît opportun d’adopter une stratégie autour d’un marketing ou d’une communication sur les femmes mais Cécile Loberger, du Domaine Loberger, et Thibault le Mailloux s’accordent à dire que viser les femmes revient à ne viser que 50% du marché. « Ce ne peut donc être une stratégie exclusive car bien trop risquée » nous souligne Frédéric Raynaud. Ce dernier nous explique également, que « la féminisation du packaging ou du produit fonctionne chez les non-connaisseurs, dès lors que le segment est celui des connaisseurs, il n’y a plus de distinction ». Pour d’autres, les vins de femmes ou pour les femmes n’existent pas. Créer une gamme de vins pour les femmes et une autre pour les hommes est trop segmentant et discriminant selon Frédéric Raynaud. Cécilia Trimaille, régisseuse du Domaine Long Depaquit, souligne qu’il est préférable de « se concentrer sur l’occasion de consommation plutôt que sur le genre ».

Coté dégustations, les clubs de vins féminins font aussi débat. Tous nos interviewés s’accordent à ce que soit dommage de créer des clubs de dégustations et des associations dédiées uniquement aux femmes. « Le mieux, c’est de déguster ensemble, plutôt que séparément. Les femmes et les hommes ont des jugements complémentaires. » nous explique Claude Giraud.